Je ne sais pas ce qui est le plus ancré en moi, la montagne, la mer ou la photo ? Sans aucun doute, les trois ! Et ces trois domaines ont en commun la liberté. La photo m’offre l’occasion d’écrire son nom avec la lumière. La montagne et la mer m’offrent un espace d’expression physique.
Après avoir longtemps parcouru les montagnes françaises - que ce soit les Pyrénées ou les Alpes -, les chemins de la vie m’ont entraîné dans un besoin de voyager. Depuis près de 10 ans, je parcours la Norvège, où la montagne rejoint la mer. Là-bas, le monde animal me fascine. L’adaptation des bœufs musqués à des conditions dantesques. La migration de pôle à pôle de la sterne arctique ne peut m’apporter qu’un sentiment de respect.
Petit à petit, ma vie s’est organisée autour de ces passions. Alors qu’une bonne partie de l’année, je m’occupe d’un laboratoire de tirage photo que j’ai créé, le voyage me permet de m’évader. Si la Norvège est une destination privilégiée, je poursuis ma découverte d’autres horizons, d’autres montagnes.
Depuis très longtemps, j’ai en moi un respect particulier pour les hommes de l’Himalaya sans jamais les avoir rencontrés dans leurs montagnes. L’été 2017 a été une découverte dans la vallée isolée du Spiti à la frontière indo-tibétaine.
Son expo sur notre festival : "White Varanger"
L’hiver est rude dans le Varanger à 70°Nord. Pendant 2 mois, la nuit permanente marque encore plus cette saison. Les canards de l’Arctique trouvent refuge dans les eaux libres des fjords et des ports. En Sibérie où la plupart nichent, la mer est prise par les glaces.
Les Hareldes boréales qui nichent en été dans les lacs de la toundra accompagnent par leurs cris caractéristiques de grands groupes d’Eiders. La neige abondante couvre les rives de la mer de Barents, et offre un reflet blanc à la surface de l’eau.
A la fin de l’hiver, sur l’île d’Hornøya, la colonie d’oiseaux marins commence à s’installer. Les eaux poissonneuses permettent une présence précoce des oiseaux. La colonie de Guillemots est déjà installée sur la falaise. Les mouettes tridactyles commencent à charger leurs nids, parfois des querelles de voisinage éclatent offrant un spectacle acrobatique dans le ciel. Les Macareux moines arrivent du large, un passage de tempête les fait repartir quelques jours sur l’eau, où ils sont à l’abri. Leur parade est discrète, quelques frottements de becs et des hochements de tête. Parfois, deux protagonistes se bagarrent dans des combats qui peuvent être violents.
L’hiver ne quitte pas facilement ces terres du Nord. Il n’est pas rare que début juin, la neige soit encore présente recouvrant lacs et toundra. Les combattants variés en plumage nuptiale trouvent la nourriture à travers la neige, où, ici et là, quelques graminées commencent à pousser. La présence des femelles non loin, annonce déjà l’été. J’ai voulu cette série, dépouillée, inspirée. Proche de la nature tel que l’on peut la ressentir dans ces terres arctiques.
Le (bon) mot du photographe
« Je ne sais pas ce qui est le plus ancré en moi, la montagne, la mer ou la photo ? Sans aucun doute, les trois ! Et ces trois domaines ont en commun la liberté. La photo m’offre l’occasion d’écrire son nom avec la lumière ».